Mirage », un épisode modeste qui fait illusion


Bagdad pendant son âge d’or représente un magnifique terrain de parkour et d’exploration.

Assassin’s Creed, une des séries les plus importantes – si ce n’est la plus importante – de l’éditeur français Ubisoft, a échappé de justesse à la perspective d’un anniversaire triste pour ses 15 ans. Valhalla, le précédent épisode, a déjà trois ans et seuls les plus optimistes espèrent l’arrivée du prochain, qui doit se passer dans le Japon féodal, pour l’année prochaine.

Heureusement, une délégation s’est quand même rendue à la fête, avec, en guise de cadeau, cet Assassin’s Creed : Mirage (disponible le 5 octobre sur consoles Xbox, PlayStation et PC). On pouvait craindre un bouche-trou : en réalité, le titre s’en tire avec les honneurs.

Gardons la période, le IXe siècle, mais évacuons la Grande-Bretagne et ses envahisseurs vikings. Mirage, comme son nom le laisse deviner, se déroule bien plus à l’est, à Bagdad pour être plus précis, pendant l’âge d’or de l’Islam. Ce théâtre, bien plus proche géographiquement de la Terre sainte de l’opus original, voit le jeune Basim (personnage important du précédent épisode) passer du statut de voleur des rues à celui, bien plus prestigieux, d’initiés des assassins. D’enquête en enquête, de contrat en contrat, il cherche à identifier et à abattre les chefs de l’Ordre, une organisation secrète qui sème corruption et injustice dans la capitale du califat abbasside.

Bagdad, la ville des mille et une cibles

Ne nous attardons pas sur le scénario et l’écriture qui n’ont jamais été le point fort de la série. Les personnages, dans leurs postures froides, figées et artificielles, ne suscitent guère l’empathie et ne donnent aucune envie de se passionner pour les enjeux certainement très graves auxquels on prend pourtant part. En réalité, il y a tout de même une star pour qui on détourne volontiers les yeux : la ville de Bagdad elle-même.

La cité, grouillante de vie, se pare des couleurs les plus rutilantes. Les déambulations dans le bazar, les infiltrations dans le hammam et les visites de la légendaire Maison de la sagesse ne laissent jamais indifférent. L’urbanisme demeure particulièrement facile à intégrer avec ses remparts disposés en cercles concentriques, protégeant des quartiers de plus en plus cossus. En son cœur, on trouve ainsi l’opulente Ville ronde, sertie de son imposant palais, qui irradie la périphérie de son dôme vert immanquable.

Heureusement, d’ailleurs, que la cité marque : le reste de la zone de jeu, qui inclut également quelques bourgades voisines et le désert environnant, se révèle plutôt restreint. Néanmoins, c’est plus ou moins le contrat passé avec le joueur : Mirage prend le parti de l’austérité, rappelant en cela les premiers épisodes, y compris dans ses mécaniques qui se focalisent sur l’infiltration et le parkour.

Certains reconnaîtront peut-être Basim, protagoniste ayant déjà fait son apparition dans le précédent titre de la série « Assassin’s Creed ».

L’art de tuer le temps (et pas seulement lui)

Les missions se résument généralement toutes à la même chose : infiltrer une base truffée de soldats afin d’accéder à un ou plusieurs objectifs, souvent protégés par de nombreuses portes closes. Heureusement, notre assassin possède un arsenal d’avantages qui le rendent au moins aussi redoutable qu’un Batman.

L’aigle de compagnie joue les drones de reconnaissance depuis les cieux et la vision surnaturelle de Basim permet de voir les gardes à travers les murs. Entre autres outils, les couteaux de lancers font taire rapidement les suspicieux isolés et la sarbacane envoie n’importe qui dans les bras de Morphée en un clin d’œil. Aussi, bien sûr, la traditionnelle lame d’assassin offre la possibilité de tuer n’importe quel ennemi pris par surprise par la pression d’une seule touche. En somme, avec un tel arsenal, on n’est jamais réellement mis en difficulté.

Si toute une garnison tombe sur Basim, la défaite est pratiquement assurée. Il vaut mieux s’infiltrer par un pan moins surveillé d’un bastion et s’occuper des soldats un par un.

Paradoxalement, ce bain de sang a quelque chose de calme et méditatif. Devant ces grands casse-tête d’architecture et de surveillance, on avance méthodiquement, sans trop réfléchir, en semant les cadavres derrière nous. On tranche une gorge, on perce une cervicale et on se fraie un chemin, de l’extérieur vers l’intérieur ; concentrique, encore une fois. Puis, le temps de s’en apercevoir, plus personne ne respire dans la caserne, indiquant l’heure de passer à la forteresse suivante.

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Mirage transforme le zigouillage en transe. Presque la même qui survient lorsque l’on remplit un cahier de coloriage ou quand on nettoie une terrasse dans PowerWash Simulator. Certes, cette infiltration automatique ne représente pas ce qu’on fait de mieux dans le genre (pour ça, mieux vaut se tourner du côté de Hitman ou de Metal Gear Solid V), mais impossible de ne pas trouver de vraies et surprenantes qualités apaisantes à cet entêtant jeu de massacre.

Basim peut se fondre au sein d’un groupe de badauds afin de passer inaperçu auprès des soldats, même s’il est activement recherché.

L’avis de Pixels

On a aimé :

  • Bagdad au IXe siècle, écrin majestueux pour une telle aventure ;
  • l’aspect ramassé du titre ;
  • l’infiltration, simple, mais qui défoule.

On a moins aimé :

  • Le parkour, toujours aussi capricieux ;
  • l’écriture, point faible éternel de la série.

C’est plutôt pour vous, si :

  • vous pensez qu’il est important d’appliquer la méthode Marie Kondo dans les casernes remplies de soldats ennemis.

Ce n’est plutôt pas pour vous, si :

  • vous cherchez une histoire prenante, avec des personnages touchants.

La note de Pixels :

Homicide volontaire avec préméditation : quinze ans de prison (sur les vingt requis).



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Catégorie article Jeux

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